
Une prévention très encadrée
Diagnostic obligatoire avant travaux, évaluation des risques, mode opératoire, port des EPI... la réglementation à respecter en cas de travaux en présence de plomb est lourde. Mais la prévention passe aussi par le respect de simples règles d'hygiène strictes, et par la formation des intervenants, encadrement et compagnons.
La présence de plomb dans les peintures anciennes représente un risque qui doit être pris en compte à sa juste mesure par les entreprises. L'intoxication au plomb, encore appelée saturnisme, par ingestion ou par inhalation, est à l'origine de pathologies graves, dont des atteintes du système nerveux central, de la moelle osseuse et du sang. Or les peintures à la céruse (hydrocarbonate de plomb) ont été utilisées jusqu'en 1948, pour leur pouvoir durcissant et fixant, permettant à la peinture de s'accrocher au support, d'où un risque omniprésent en réhabilitation. Dans les bâtiments antérieurs à 1915, la présence de plomb est presque certaine ; pour ceux construits entre 1915 et 1948, elle est probable ; et elle est encore possible pour ceux construits après 1948, car l'interdiction absolue de la mise sur le marché de produits plombifères et céruse ne remonte qu'à février 1993. On trouve de la peinture au plomb aussi bien à l'intérieur — parties communes, murs et cloisons, huisseries, plinthes et allèges, éléments décoratifs comme faux bois ou faux marbres... — qu'à l'extérieur sur les portails, grilles et balcons. Pour déceler sa présence, un diagnostic plomb, ainsi qu'un constat de risque d'exposition au plomb (CREP) sont obligatoires, lors de la vente ou mise en location d'un bien immobilier construit avant le 1er janvier 1949, ou lors de tous travaux effectués dans les parties communes. Ces diagnostics doivent être effectués par un diagnostiqueur certifié par un organisme accrédité par le Cofrac. Il est à la charge du maître d'ouvrage, qui a l'obligation de le remettre à l'entreprise au moment de la consultation.
MODE OPÉRATOIRE ET FORMATION
Les principales solutions de traitement des peintures au plomb sont le recouvrement ou le retrait, pour supprimer l'accessibilité au plomb. Il revient alors à l'entreprise de définir, sur la base du diagnostic qu'on lui a remis, en amont du chantier, le mode opératoire qui permet de réduire au maximum l'exposition de ses salariés, au stade de la préparation du support (égrenage, grattage, décapage, ponçage...), en limitant les émissions de poussières. Si la mise en place d'un système de ventilation efficace des lieux est impossible, il faut alors aller vers les équipements de protection individuelle (EPI) qui sont adaptés à chaque technique utilisée. Par exemple, le décapage de peinture au plomb dans une cage d'escalier exige le port d'une combinaison, de gants et d'un masque à ventilation assistée. Les déchets contenant du plomb — résidus de peinture au plomb, projections jetables... — doivent être stockés dans des sacs identifiables, tracés par un bordereau de suivi (BSDD), et acheminés vers une filière d'élimination adaptée. Un ensemble de mesures de protection collective complémentaires doivent être prises, comme le confinement de la zone de chantier, rendue accessible par un sas, l'installation de deux vestiaires séparés par une douche, sans oublier de privilégier les équipements jetables. Étant donné qu'il n'y a pas de solution universelle, la prévention du risque plomb est d'abord une question de bon sens. Il faut insister sur les mesures d'hygiène, notamment bien se laver après chaque séance de travail. Les ouvriers et encadrant doivent être formés au risque Plomb. Pour les salariés exposés au risque plomb, un suivi sanitaire efficace passe par le contrôle de leur plombémie (quantité de plomb par litre de sang, mesurée lors des prises de sang effectuées à intervalle régulier) qui doit rester inférieur aux taux admis.